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01/01/2021
Libération
«Le marquage agit de manière durable sur le fléau du vol des vélos»
INTERVIEW
«Le marquage agit de manière durable sur le fléau du vol des vélos»
Par Florian Bardou — 1 janvier 2021 à 09:19
A Paris, en septembre. Photo Gonzalo Fuentes. Reuters
A partir de ce vendredi, l’identification des cycles neufs devient obligatoire dans l’Hexagone. La mesure devrait améliorer la traçabilité des vélos volés, se félicite le président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), Olivier Schneider.
«Le marquage agit de manière durable sur le fléau du vol des vélos»
Voilà de quoi ravir les promoteurs de l’usage de la bicyclette en ville. A compter du 1er janvier, ce vendredi, tout vélo neuf vendu en magasin devra impérativement porter un «identifiant unique» – dont on ne connaît pas encore la forme exacte – associé aux coordonnées de son acquéreur. Un moyen de dissuader les potentiels voleurs, mais également, pour les policiers et gendarmes, de retrouver plus aisément les propriétaires des biclous dérobés grâce à la création d’un Fichier national unique des cycles identifiés, géré par l’Association pour la promotion de l’identification du cycle (Apic), qu’ils pourront consulter.
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Votée l’an passé dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités, dite «LOM», issue du dernier plan vélo, la mesure doit également entrer en vigueur pour les cycles d’occasion vendus en magasin à partir du 1er juillet 2021. Cette vieille idée est-elle suffisante pour prévenir les quelque 318 000 vols (officiels) annuels, selon la dernière mouture de l’enquête «Cadre de vie et sécurité» ? Pour le président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), Olivier Schneider, le marquage obligatoire est en tout cas un très bon point de départ. Surtout si cela permet en retour de favoriser le développement des déplacements sur deux roues non motorisées. Explications.
Quelle est l’ampleur du vol de vélo en France ?
Aujourd’hui, on manque de chiffres clairs pour la mesurer. C’est principalement lié au fait qu’il y a une très forte sous-déclaration des vols : les Français et les Françaises disent en effet que cela n’a pas de sens de porter plainte afin de récupérer un vélo volé. La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) estime cependant qu’il y a 400 000 à 500 000 vols de vélos par an. Chaque année, on en retrouve 100 000, mais moins de 10% sont restitués à leurs propriétaires légitimes, soit seulement 7 000 bicyclettes, faute de traçabilité. Ce qui devrait évoluer avec l’entrée en vigueur de l’identification obligatoire au 1er janvier. De son côté, l’Insee parle de 300 000 ménages ayant déclaré un vol en 2019. C’est donc un phénomène de grande ampleur. D’ailleurs, l’année écoulée a été particulièrement lourde car il y a eu un engouement pour le vélo et le marché du neuf était sous tension. Il y a donc eu une forte appétence pour le marché occasion et les receleurs savaient qu’ils n’auraient aucune difficulté à écouler du vélo.
Cela freine-t-il l’essor de la pratique ?
Des études robustes montrent qu’il y a la réalité du vol et sa crainte. Généralement, quand une personne se fait dérober un vélo, elle en achète un d’occasion. Mais après un second vol, elle abandonne la pratique. Ensuite, il y a la peur du vol. Des Français et Françaises disent ne pas vouloir se mettre au vélo car ils anticipent le risque de subir un vol. La peur du vol est même le frein numéro 1 à la pratique cycliste devant la peur de ne pas pouvoir circuler. En 2020, un grand nombre de collectivités ont en effet fourni un effort considérable pour améliorer les équipements cyclables.
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Pourquoi l’identification des vélos a-t-elle un effet dissuasif contre le vol ?
Disons que c’est un peu la cerise sur le gâteau car l’élément le plus dissuasif reste l’antivol. Mais l’effet est d’abord individuel. Depuis 2004, 500 000 vélos ont été identifiés grâce à notre système de marquage Bicycodes [les vélos déjà protégés via ce système figureront dans le fichier national, ndlr]. L’enseignement qu’on en a tiré c’est qu’il y a 15 fois plus de chances de retrouver un vélo marqué que non marqué. C’est lié au fait que la plupart du temps les vélos volés changent de ville. A partir du moment où le taux de marquage est important et que les acheteurs de seconde main ont le réflexe de vérifier qu’un vélo d’occasion est marqué, au bout de quelques mois, on observe un effet de groupe. Ainsi, le marquage agit de manière durable sur le phénomène global du vol. Et la traçabilité permet aux services de police de s’occuper de manière plus sérieuse du démontage des filières. Aujourd’hui, le taux d’élucidation des enquêtes est faible. Mais si la lutte contre le vol devient prioritaire alors les forces de police vont prendre au sérieux ce sujet car ils auront des outils et des métriques plus précises : ils sauront le nombre de vélos volés et des plaintes à traiter, etc.
Le marquage n’est évidemment pas le seul outil mobilisable pour prévenir le vol…
Lutter contre le fléau du vol, c’est d’abord une question de pédagogie. Répéter qu’il est indispensable d’acheter un bon antivol. Un vélo a une valeur d’usage importante : même si on l’a payé 50 euros, il faut au moins mettre 30 à 40 euros dans un antivol. Mais il faut aussi l’utiliser correctement en attachant le cadre à un point fixe, y compris lors d’un arrêt court et dans les lieux semi-privatifs ou privatifs. Il est également impératif d’attacher la roue avant au cadre. Ensuite, lorsque l’on achète un vélo d’occasion, il faut exiger qu’il soit marqué, comme ça, nous avons la garantie qu’il n’est pas issu du recel. C’est une façon de ne pas cautionner et alimenter le marché du vol. Enfin, les infrastructures sécurisées sont importantes et la France est très en retard sur ce sujet. Pourquoi ne pas discuter avec votre syndic ou votre bailleur social pour en faire installer si votre résidence n’est pas équipée ?
Florian Bardou
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